par Yves Chiron
Étienne Gilson (1894-1978), se définissait en 1936 comme un « historien de la philosophie frotté de théologie [1] ». Dans le volume qu’il lui a consacré, Jean Madiran souligne qu’il ne fut pas seulement un historien : il fut surtout « un philosophe français, un philosophe chrétien, un philosophe catholique [2] ». L’épithète catholique n’est pas accessoire car pour Gilson la philosophie est servante de la théologie et il pouvait dire dans son autobiographie : « Ma philosophie d’aujourd’hui tient tout entière à l’intérieur de ce que je crois [3]. »
Politiquement, ce fut un homme de gauche. Admiratif dans sa jeunesse du Sillon de Marc Sangnier, avant-guerre il fut collaborateur de l’hebdomadaire catholique Sept, qui sera supprimé en 1937 sur décision du Saint-Office. Après-guerre il fut proche du MRP, le parti démocrate-chrétien, et afficha des convictions européistes et neutralistes.
Ses prises de position face à la réforme liturgique et face à la crise de l’Église vont le faire considérer par certains comme un traditionaliste ou un intégriste. « Dire que je suis maintenant classé entre les intégristes ! On aura tout vu… », s’indignait-il avec amusement en 1967 [4]. La clef de ses réactions à partir des années 1960 tient sans doute au primat qu’il donnait à la vérité des dogmes. Il l’affirmera à plusieurs reprises : « Le désordre envahit aujourd’hui la chrétienté ; il ne cessera que lorsque la Dogmatique aura retrouvé son primat naturel sur la pratique [5]. »
La dégradation des catéchismes
C’est dès 1960, dans son autobiographie, que Gilson déplorait « la fin du catéchisme de notre enfance [6] ». Il voyait une dégradation continue depuis le début du siècle :
Les petits Français de 1900 apprenaient leur catéchisme, ils le savaient par cœur et ne devaient jamais l’oublier. On ne s’inquiétait pas autant qu’aujourd’hui de savoir ce qu’ils en comprenaient alors, c’était pour plus tard qu’on le leur enseignait, en vue du temps où ils seraient en âge de comprendre. […] Le catéchisme que l’on enseignait alors était d’ailleurs admirable, d’une précision et d’une concision parfaites. Cette théologie en comprimés suffisait au viatique de toute une vie.
Le catéchisme était un enseignement de la foi et un moyen de salut :
Sachant que le chrétien vit de la foi, et soucieux d’engager l’enfant immédiatement sur la voie du salut, ce qui est l’objet propre de l’enseignement religieux, ce catéchisme le mettait d’abord en possession de la vérité de la foi, la seule qui soit littéralement salutaire. Cet enseignement était bien loin de mépriser les ressources de la raison, mais celle-ci passait toujours après la foi, seule connaissance qui atteigne le Dieu de la religion, celui qui sauve [7].
Gilson comparait les articles sur l’existence de Dieu, d’une part dans le catéchisme de son enfance (celui du diocèse de Meaux, en 1885), d’autre part dans le catéchisme du diocèse de Paris de 1923 et dans le catéchisme préparatoire illustré du diocèse de Tours en 1949. De l’un à l’autre, il constatait un glissement progressif des formules, une « chute », une inversion malheureuse entre le « croire » et le « savoir » :
Ma vie religieuse ne repose pas sur les raisonnements d’Aristote, de Descartes ou de Malebranche : fundatus sum supra firmam petram ; mais si l’on m’apprend à savoir d’abord par raison démonstrative que Dieu existe, et à ne le croire qu’ensuite, il est à craindre que l’inverse se produise. Croire est tout autre chose que croire savoir, à tel point que dans ce deuxième cas, la foi paraissait facile tant qu’elle semblait ne faire rien de plus que confirmer le savoir, mais si le savoir perd confiance en soi-même, ce genre de foi risque fort de s’en aller avec lui. Cet homme croyait savoir que Dieu existe, quand il ne le sait plus, il s’aperçoit qu’il ne le croit pas non plus [8].
Gilson, en 1960, n’évoquait pas les péripéties récentes – la condamnation par Rome, en 1957, du « Catéchisme progressif » promu depuis plusieurs années par les plus hautes autorités de l’enseignement catéchétique en France –, mais il constatait le déclin de l’enseignement de la foi aux enfants :
Cédant, sur ce point comme sur tant d’autres, à l’illusion que l’esprit démocratique consiste à traiter les citoyens comme s’ils étaient, en principe, autant de débiles mentaux, on a voulu l’abaisser [le catéchisme] au niveau des masses au lieu de les élever au sien. De là cette diète peu nourrissante qu’on sert aujourd’hui aux enfants sous le nom de catéchisme [9].
Le scandale du « même nature » (1965)
Le concile Vatican II n’était pas encore terminé quand la réforme liturgique fut engagée. Avant même l’élaboration et la promulgation d’un nouvel Ordo missæ en 1969, les changements dans la messe les plus visibles par le commun des fidèles furent l’irruption massive de la langue vernaculaire dans la liturgie et le retournement de l’autel, le prêtre célébrant face au peuple et non plus tourné vers Dieu. Les traductions officielles du Credo et du Pater, entrées en vigueur en 1965 et 1966, suscitèrent des controverses. À chaque fois, Étienne Gilson fut le premier à donner l’alarme.
Ces traductions avaient été réalisées par les experts du CNPL (Centre national de pastorale liturgique) et promulguées par la Commission épiscopale liturgique. La traduction du Credo fut publiée en novembre 1964 [10]. La formule traditionnelle consubstantialem Patri (le Fils est « consubstantiel au Père ») était traduite par « de même nature que le Père », sous prétexte que la notion de substance était incompréhensible pour les fidèles. Dans un article publié dans La France catholique en juillet 1965 [11], Étienne Gilson s’insurgea contre la disparition du terme « consubstantiel » qui avait été fixé au concile de Nicée, en 325, pour définir le mystère de la Trinité contre l’hérésie arienne. L’article fit d’autant plus de bruit qu’Étienne Gilson, philosophe célèbre, ancien professeur au Collège de France, membre de l’Académie française, affirmait dans le même article son attachement à la réforme liturgique qu’il jugeait « opportune, bienfaisante, nécessaire ». Mais il précisait aussi : « Il faut que, en des langages nouveaux, le sens reste le même. » Dans la traduction du Credo, il dénonçait « une sorte d’avachissement de la pensée théologique », un désir de « faciliter l’acte de croire » qui aboutit à « délester d’une partie de sa substance le contenu même de l’acte de foi » et qui ne craint pas d’abandonner une formule qui a été en usage pendant plus de seize siècles.
Gilson, dans une correspondance privée, ironisait : « Je suis en train de créer un nouveau schisme, celui des Nicéens paléocatholiques qui croient que le Fils est de même “substance” que le Père […]. Tout le monde me dit que cela fera un tollé ; la notion de substance est rejetée par l’esprit moderne [12]. »
Si le CNPL, soutenu par le père Chenu, resta ferme sur ses positions, Gilson fut approuvé par Jacques Maritain, autre philosophe catholique et ami du pape, par le père de Lubac et même par le père Congar. Le père Congar relevait à juste titre : « Ce qui m’étonne, c’est que le Saint-Office qui s’est réservé l’approbation des traductions, précisément pour éviter les fantaisies, ait laissé passer celle que vous relevez [13]. »
Jean Madiran reproduisit l’article de Gilson dans Itinéraires et apporta son soutien à une pétition pour le rétablissement du consubstantiel dans la traduction française du Credo [14]. La pétition rassembla quelque 7 000 signatures – parmi lesquelles celles de François Mauriac, Stanislas Fumet, Henri Massis, Roland Mousnier, Jacques de Bourbon-Busset, Louis Salleron, Gustave Thibon, Pierre de Font-Réaulx, doyen de la faculté de droit de l’Institut catholique de Paris, Daniel Villey, Maurice Vaussard. Ce fut, dans l’immédiat, sans effet.
Gilson protestera à nouveau contre cette traduction plus que malheureuse dans le dernier chapitre de La société de masse et sa culture publié en 1967. Il réaffirmait que la traduction « de même nature » est une « monstruosité théologique », qui a des conséquences néfastes : « La première et principale est que le nouveau Symbole omet d’affirmer l’unicité de la Trinité. Il ne la nie certes pas, mais il ne l’enseigne pas non plus [15]. »
Le Notre Père œcuménique (1966)
La traduction du Pater avait pour but, comme celle du Credo, de rendre accessible la liturgie dans la langue vernaculaire, mais elle voulait aussi favoriser l’unité des confessions chrétiennes. Aussi, la commission qui préparait cette traduction fut, dès le début, en 1964, une commission mixte composée de catholiques, de protestants (luthériens et réformés) et d’un observateur orthodoxe. Le 4 janvier 1966, les évêques français rendirent publique cette « traduction œcuménique ».
Cette traduction officielle donna lieu, elle aussi, à une controverse. Celle-ci porta sur le tutoiement (« que ton Nom soit sanctifié, etc. »), qui introduisait une familiarité incompatible avec la majesté divine, et sur différentes formules, notamment la 6e demande : « et ne nos inducas in tentationem », traduite par : « et ne nous soumets pas à la tentation », théologiquement inacceptable.
Cette traduction nouvelle était jugée d’autant plus sévèrement qu’elle prétendait remplacer une traduction ancienne, qui remontait à Bossuet et qui « s’était imposée pratiquement universellement à tous les catholiques français [16] ». Dans cette traduction classique, le « ne nos inducas in tentationem » était traduit par : « ne nous laissez pas succomber à la tentation ». Cette traduction ancienne n’était pas elle-même complètement satisfaisante, parce que, d’après les spécialistes du Nouveau Testament, la traduction la plus authentique aurait dû être : « Fais que nous n’entrions pas dans la tentation » ; ou : « Ne permets pas que nous entrions dans la tentation [17]. »
Une fois encore, c’est Étienne Gilson qui, le premier, éleva une protestation publique par un article publié dans La France catholique, en février 1966. Il ironisa sur le tutoiement : « Un Français ne tutoie pas spontanément le Roi des rois, mais si on nous enjoint de le faire, nous le ferons. Que ne ferions-nous pas pour faire plaisir à nos bons frères Luthériens et Calvinistes [18] ? » S’il relevait une formule insatisfaisante – « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » –, il estimait qu’il ne s’agissait que d’un « détail de style » et qu’« aucune vérité dogmatique n’est en cause ».
D’autres critiques étaient d’un autre avis. Un exégète, l’abbé Jean Carmignac, avait déjà alerté les traducteurs lors de la préparation du texte. Ancien élève de l’École biblique de Jérusalem, fondateur et directeur de la Revue de Qumrân, c’était un spécialiste internationalement reconnu. Il témoignera :
Quand j’ai appris qu’une nouvelle traduction française du Notre Père allait contenir la formule « Ne nous soumets pas à la tentation », j’ai été indigné, d’abord, parce que cette traduction est fausse, et surtout parce qu’elle constitue un outrage à Dieu, qui n’a jamais soumis personne à la tentation. J’ai donc protesté auprès des autorités responsables de cette erreur, mais je n’ai pas réussi à leur faire modifier cette regrettable traduction [19].
L’abbé Carmignac préparera ensuite une thèse de doctorat sur le Pater, qui démontrait les déficiences de la traduction officielle [20].
Dans Itinéraires, Alexis Curvers publia une grande étude où lui aussi s’indignait du « Et ne nous soumets pas à la tentation » : « Nous n’avons plus ici affaire à de l’étourderie grammaticale ou à de l’arbitraire, mais à la sollicitation la plus subtile qui ait jamais altéré l’esprit d’un texte [21]. »
Il faudra attendre 2017, pour le Pater, et 2019, pour le Credo, pour que des traductions corrigées entrent en vigueur : « Ne nous soumets pas à la tentation » a été remplacé par : « Ne nous laisse pas entrer en tentation » ; et « de même nature que le Père » a été remplacé par « consubstantiel au Père ».
Gilson en accord avec Maritain
En novembre 1966, Jacques Maritain publiait Le Paysan de la Garonne, avec en sous-titre : « Un vieux laïc s’interroge à propos du temps présent. » L’ouvrage, rédigé dans les premiers mois de 1966, paraissait quelques mois après la clôture du concile Vatican II (8 décembre 1965). Maritain livrait « une espèce de testament ». Ont beaucoup retenu l’attention les pages où il dénonçait « la fièvre néo-moderniste fort contagieuse, du moins dans les cercles dits “intellectuels”, auprès de laquelle le modernisme du temps de Pie X n’était qu’un modeste rhume des foins » (p. 37) et « une espèce d’apostasie “immanente” » (p. 37). Il décrivait aussi la crise que traversait l’Église comme « une sorte d’agenouillement devant le monde qui se manifeste de mille façons » (p. 98) et une « complète temporalisation du christianisme » (p. 101) [22].
Mais le livre de Maritain n’était pas critique envers le concile : « De tout ce que le concile a décrété et accompli, je rends grâce. » Il se réjouissait notamment de la Déclaration sur la liberté religieuse (Dignitatis humanæ) et de la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps (Gaudium et spes), où il reconnaissait des thèses et des préoccupations qui étaient les siennes depuis des décennies.
L’ouvrage rencontra un grand succès – 75 000 exemplaires en quelques mois – et suscita une controverse [23]. Le père Congar critiqua, dans un grand article paru dans Le Monde, ce qu’il considérait comme une vue pessimiste de la situation et il regrettait « la généralisation à laquelle certaines de ses expressions pourraient prêter [24] ». Le père François Biot, dominicain et conseiller ecclésiastique de Témoignage chrétien, regrettait que Maritain « ne puisse plus comprendre le développement de cela même qu’il a contribué à mettre en route » et il estimait : « Pour l’honneur de Maritain lui-même et pour l’autorité qu’il représente dans le catholicisme d’aujourd’hui, il est dommage que ses amis ne l’aient pas dissuadé de publier ce dernier livre [25]. » Dans la revue dominicaine Signes des temps, le père Chartier consacra son éditorial à l’ouvrage de Maritain, déplorant : « Les chemins de l’après-concile sont bordés de saules pleureurs, Mauriac, Maritain, que l’on avait connus plus positifs, ajoutent leurs voix à celles des conservateurs traditionnels pour déplorer les dangers du changement plutôt que pour construire l’avenir [26]. »
En revanche, Étienne Gilson, alors professeur à Toronto, dès qu’il eut connaissance du livre, et avant même de l’avoir lu, écrivit aussitôt son accord à Maritain :
Il semble qu’un vent de folie passe en ce moment sur l’Église. Il n’est question que de pilules et de mariage des prêtres ; des girls lisent l’évangile dans une chapelle de Toronto et pour ce qui est de la doctrine, on dirait que des centaines de prêtres s’aperçoivent qu’ils n’avaient jamais cru à rien. Sur le fond, c’est le vieux, l’éternel naturalisme qui se ranime ; on ne veut plus rien croire, mais savoir ou, en tout cas, avoir des opinions [27].
De retour à Paris, et après avoir lu le livre, il exprimait à Maritain sa « gratitude vraiment émue » :
Je n’ai jamais pensé que les mots vous manquaient ; vous n’avez jamais été mieux en forme et beaucoup de mots que vous avez trouvés vous seront difficilement pardonnés […]. Ce qui m’importe est de me sentir si profondément en accord avec vous sur l’essentiel [28].
« Les ruines de l’après-concile »
Quelques mois plus tard, Gilson publiait un petit livre, Les Tribulations de Sophie. Livre assez composite, qui rassemblait : « Trois leçons sur le thomisme et sa situation présente », données en Italie en 1965 ; une étude sur « Le cas Teilhard de Chardin », où il disait son complet désaccord avec le père de Lubac sur ce sujet [29] ; une réponse au livre de Roger Garaudy (De l’anathème au dialogue, 1965) qui voulait faire dialoguer marxisme et catholicisme ; et un sixième chapitre intitulé « Divagations parmi les ruines ».
Ce dernier chapitre avait été écrit après un séjour de trois mois que Gilson avait fait en 1966 aux États-Unis et au Canada. Il décrivait des célébrations liturgiques anarchiques auxquelles il avait assisté. Ces célébrations s’inspiraient de la réforme liturgique en cours de construction et d’application. Avant même la promulgation du nouvel Ordo missae (1969), la messe traditionnelle était bouleversée. En Nouvelle-Angleterre, dans la chapelle d’un collège catholique, il avait assisté à une messe basse où, jusqu’au canon, il n’y avait « rien à signaler ». Puis, à ce moment, tous les fidèles « se lèvent de leurs places et vont se ranger en cercle autour de l’autel. J’hésite un moment à les suivre, mais n’ayant aucune idée de ce que l’on est censé faire au cours de ce rite nouveau pour moi, je reste finalement à ma place. Le spectacle est curieux, car on dirait que tous ces laïcs des deux sexes sont en train de concélébrer. Tantôt ils disent des choses, je ne sais quelles, tantôt ils se taisent ; je suis l’office de mon mieux, non sans me sentir un peu stupide, seul dans le banc de la nef [30]. »
Au-delà de cet épisode, exemplaire d’un bouleversement en cours, Gilson constatait que c’est l’image et la conception du prêtre qui étaient en train de changer. Le prêtre n’était plus « un être sacré », un homme qui « renonce librement au monde, avec certaines de ses aspirations les plus légitimes, et se consacre librement à Dieu, Dominus pars hereditatis meæ ». Il évoquait ensuite, à travers de nombreux exemples tirés de la presse, des sondages et des statistiques, un phénomène massif d’abandon du sacerdoce ou de la vie religieuse aux États-Unis dans les années 1966 et 1967. Il y voyait une conséquence du « sécularisme », « une tendance générale à préférer partout le laïc au sacerdotal et l’ordre temporel à celui de l’Église ».
Gilson ne remettait pas en cause le concile Vatican II, mais il notait : « La théologie scolastique, aujourd’hui négligée quand elle n’est pas méprisée, y a plutôt brillé par son absence. Les conséquences se sont fait sentir pendant le concile même. Des propos extravagants ont été tenus par certains pasteurs dont on se demande où ils conduisent leurs troupeaux [31]. » Et il partageait avec Maritain « un cri de détresse devant les ruines que l’après-concile accumule autour de nous », des « ruines qui s’accumulent, au plan moral et pastoral, parce que la vérité du dogme est en partie perdue de vue [32] ».
En conclusion de son livre, Gilson affirmait : « Le seul remède efficace au mal est une remise en honneur de la théologie traditionnelle […] je ne vois d’autre espoir qu’un retour à la Sagesse des écoles, fille et servante de la foi, maîtresse du vrai et juge intelligent des discernements nécessaires, car, s’il était admis que la pastorale pût impunément se passer de dogmatique, le pire ne serait plus à craindre, il serait déjà arrivé [33]. »
Gilson et Madiran
Étienne Gilson et Jean Madiran ne se sont jamais rencontrés. Jean Madiran dira : « Nos relations ont été purement intellectuelles, seulement épistolaires. Mais, depuis plus d’un tiers de siècle, j’ai beaucoup lu, relu, médité ses livres la plume à la main. Pas tous. Pas ceux sur la littérature et sur l’art, qui ne m’enthousiasment guère. Mais tous les autres ou presque [34]. »
Leur relation épistolaire, qui va de 1967 à 1972 [35], est née d’une initiative de Jean Madiran. Il souhaitait rééditer dans Itinéraires, sur cinq numéros, un livre de Gilson, Christianisme et philosophie, publié en 1936, réédité en 1949, et épuisé chez l’éditeur. Madiran donnait deux raisons à sa demande : « Cette publication aurait le double caractère d’un hommage à l’auteur et d’une invitation à nos lecteurs à méditer les profondes leçons, toujours très actuelles, qui nous sont données là [36]. » Gilson répondit rapidement à cette proposition, acceptant, non seulement la proposition, mais en manifestant aussi son accord, « sur l’essentiel », avec Madiran et avec Itinéraires :
Je connais fort bien Itinéraires, car vous avez eu souvent la courtoisie de m’en adresser des exemplaires. Ce qu’il reste de maurrassien, pour le ton et l’esprit, me demeure étranger, mais je me sens profondément d’accord avec vous sur l’essentiel et je tiendrais à honneur qu’un de mes livres soit reproduit par vos soins sous votre couverture. Nous sommes, hélas ! dans un désordre confinant au gâchis, et toutes les bonnes volontés doivent se laisser mobiliser, si on ne le leur rend pas absolument impossible. Malheureusement le cancer est à l’œuvre et certains organes haut placés semblent déjà touchés [37].
L’ouvrage, dans une version corrigée par Gilson, parut donc dans Itinéraires à partir du n° 113. Pour cette réédition, Gilson rédigea un avant-propos, daté du 28 avril 1967, dans lequel il disait pourquoi il n’avait « pas hésité un instant » à voir reparaître son livre dans la revue de Jean Madiran :
Il est inévitable que des Catholiques soient divisés sur des problèmes de politique relevant du temporel, mais ces divisions sont superficielles et sans importance réelle comparées à l’accord profond, intime, qui unit les membres d’une même Église.
On ne le croirait pas toujours à lire la presse française d’aujourd’hui. Le projet de M. J. Madiran signifie pour moi deux choses. J’y vois d’abord l’affirmation que les problèmes théologiques et proprement doctrinaux dominent en fait tous les terrains particuliers sur lesquels s’affrontent naturellement les opinions divergentes et les intérêts opposés entre citoyens d’une même communauté politique. J’y vois aussi une volonté d’union sur l’unique nécessaire en un temps où plusieurs de ceux qui en ont la garde semblent le perdre de vue et paraissent même vouloir nous en détourner.
L’intérêt de Gilson pour Itinéraires et pour le combat de Madiran ne s’arrêta pas à cette réédition. En mai 1967, il lui adressa une note sur un épisode de la vie de Pascal qui fut publiée dans le n° 115, juillet-août 1967, d’Itinéraires (« L’abîme de Pascal »). En novembre de la même année, Madiran lui adressa, par anticipation, le très long et percutant éditorial qu’il allait faire paraître dans le numéro suivant d’Itinéraires et qui faisait l’objet d’un tiré-à-part sous le titre C’est par toi que je meurs [38]. C’était une adresse à Mgr Schmitt, évêque de Metz, qui venait d’envoyer un message à ses prêtres réunis en session à Saint-Avold en septembre 1967. Dans ce message, Mgr Schmitt déclarait notamment : « La mutation de civilisation que nous vivons entraîne des changements, non seulement dans notre comportement extérieur, mais dans la conception même que nous nous faisons tant de la création que du salut apporté par Jésus-Christ. » Jean Madiran voyait là l’annonce d’une « autre religion », où désormais « c’est le monde qui enseigne l’Église […]. C’est le monde Pater et Magister. »
Étienne Gilson, à la lecture de cette adresse à Mgr Schmitt – dont nous n’avons relevé que l’argument central –, dit aussitôt son accord à Madiran avec chaleur :
Cher Monsieur et compagnon de lutte, dans une cause dont je ne désespère pas mais qui nous sauvera plutôt que nous ne la sauverons. Il me semble que vous venez de clouer vos thèses à la porte d’un palais épiscopal. On ne vous en aura aucune gratitude, d’autant moins que vous avez raison. Votre monseigneur est un rejeton typique de Teilhard de Chardin, qui ne croyait pas à la création, mais à l’évolution, celle-ci remplaçant d’ailleurs à la fois le Créateur et le Sauveur. Mais Teilhard n’est pas responsable de l’adhésion de tant d’âmes chrétiennes désaffectées à une doctrine qui leur donne l’illusion d’avoir encore une foi. Vos pages 28-29 disent tout. Mais Ils ne parleront pas. Ces chefs ont peur de leurs troupes. La Curie elle-même n’est pas tellement sûre de ce qu’il faut faire [39].
Les pages auxquelles Gilson faisait référence étaient celles où Madiran exposait que c’est la foi qui est remise en question dans ce qu’il appellera « la religion de Saint-Avold » :
Il s’agit de la foi. Le degré de conscience ou d’inconscience, de lumière ou d’aveuglement, de sottise ou de perversité calculée qui est celui des divers acteurs, ce n’est pas à nous d’en décider, et nous ne jugeons aucunement les intentions ou les mérites des personnes. Nous ne nous occupons que des faits objectifs. C’est une autre religion qui est, jour après jour, mise en place un peu partout, dans l’enseignement et dans la liturgie, dans les institutions et dans les mœurs. Les âmes sont en péril : des âmes, et des âmes de prêtres, ont déjà sombré par milliers. Il n’est plus possible de s’attarder à des échappatoires et à des faux semblants, à de fausses prudences, à des lâchetés peut-être. Il y va pour chacun de la foi et du salut éternel.
La souffrance et le désarroi des prêtres, Gilson lui aussi y était sensible. Quelque temps auparavant, il écrivait à Madiran : « Nous communions dans des inquiétudes communes, mais celles-ci ne sont rien à côté de la détresse de tant de prêtres qui ne savent littéralement plus où ils en sont [40]. »
En décembre 1968, Jean Madiran publiait L’hérésie du XXe siècle, un de ses livres les plus significatifs. Vingt ans plus tard, dans la postface écrite pour la réédition de cet ouvrage, il estimait : « S’il me fallait ne laisser après moi qu’un seul livre, ce serait celui-là. » Il précisait encore : « J’ai exprimé dans L’Hérésie toutes les raisons de mes refus et aussi toutes les idées pour lesquelles je me bats. Tous les combats auxquels j’ai, en quelque sorte, consacré ma vie. »
Dans cet ouvrage, il voulait répondre « à l’agression des erreurs qui massacrent les âmes » et il constatait que ces erreurs constituent « l’hérésie du XXe siècle », une « hérésie [qui] est enseignée par des évêques et n’est pas contestée par d’autres évêques ». Il résumait cette hérésie en sept « propositions », dont les trois premières se trouvent déjà dans son adresse à l’évêque de Metz [41]. Il envoya son livre à Étienne Gilson. Celui-ci lut l’ouvrage et se trouva en accord sur l’essentiel. Il le dit à Madiran, au fur et à mesure de sa lecture, en trois lettres successives.
Il lui écrivait d’abord :
J’ouvre L’hérésie du XXe siècle, et je suis épouvanté. […] Ce qui me fait vraiment peur, ce sont les quatre lignes que vous citez au bas de la page 41 [42]. Je ne les connaissais pas ; elles renferment la quintessence de toutes les erreurs présentes en matière de foi, qui toutes découlent de cette erreur première sur la nature de la vérité.
Que faire ? Vous attaquez et vous faites bien. J’avoue que je manque de courage, comme un chirurgien devant un cancer généralisé. Mais il y a autre chose. Je n’entends pas la voix de Rome parler comme elle seule a autorité pour le faire. Enfin et peut-être surtout, voilà soixante ans au moins que j’essaie de faire comprendre à ces messieurs que le Thomisme n’est pas une théologie particulière qu’on pourrait dater du XIIIe siècle. À quoi bon ? Personne n’écoute, on est désavoué par ceux qui devraient enseigner eux-mêmes ces choses. Si Dieu ne nous envoie pas le ou les saints qu’il suscite en pareilles circonstances, nous ne réussirons rien. Vous allez passer pour un révolté, car il n’est pas douteux qu’aux yeux de beaucoup un évêque hérétique n’ait plus d’autorité qu’un laïc orthodoxe [43].
À propos du long « Préambule philosophique » qui figure dans l’ouvrage (pp. 33-74), Gilson lui écrivait le lendemain :
Ces pages ne peuvent avoir été écrites que par vous. Nous payons cinquante ans de mépris systématique pour l’enseignement des papes dans nos Séminaires et nos Couvents. Je ne sais si vous allez émouvoir notre Épiscopat. En fait, je crois que, comme la Sorbonne, il est occupé par une minorité révolutionnaire et manœuvrée par elle. Sont-ils des « misérables », ou des moules ? Le résultat est le même, mais la différence importerait pour l’avenir [44].
Puis, après avoir achevé sa lecture de L’Hérésie du XXe siècle, il lui écrivait:
J’avais lu votre dernière ligne avant de lire vos derniers chapitres. Ils m’ont tenu éveillé très tard dans la nuit, et je veux vous dire combien étroitement nos conclusions, la vôtre réfléchie, la mienne spontanée, se rejoignent. Nos évêques ne sont pas assez courageux pour être communistes, mais ils sont assez faibles pour se laisser « occuper ». Je ne vois pas d’autre explication à l’attitude, si c’en est une, de ce corps épiscopal qui, recommençant d’exister pour la première fois chez nous depuis la révolution de 1789, se comporte exactement comme un troupeau d’étudiants « autonomes » dont toutes les décisions sont prises pour eux de l’extérieur. Le parallélisme des méthodes est frappant.
Après avoir pris longuement la défense du père Chenu, qu’il connaissait depuis des décennies, qu’il estimait beaucoup comme historien de la philosophie médiévale, et qu’il considérait comme un « quasi-saint » malgré son « évangélisme chronique », il concluait :
Paul VI est crucifié sur la colline Vaticane. Nous ne pouvons que prier et souffrir avec lui. Prier pour le Saint « que Tu nous a promis et que nous attendons ». Lui aussi sera crucifié, bien entendu ; c’est dans l’ordre, mais je crois que le peuple chrétien, celui de Péguy, que vous avez tant raison de célébrer, finira par nous garder Jésus-Christ.
Tout a commencé, je crois, quand on a ôté aux Sulpiciens l’enseignement des Grands Séminaires. Comme il n’y en a plus, le problème a fini de se poser [45].
Jean Madiran continuait à suivre avec attention l’actualité religieuse et à analyser, avec l’acribie qui le caractérise, les textes et documents publiés. En novembre 1968, l’épiscopat français s’était réuni, comme chaque année, en Assemblée plénière à Lourdes. Cette Assemblée plénière avait publié trois documents : une Note pastorale qui minimisait et relativisait l’enseignement sur la contraception de l’encyclique Humanæ vitæ que Paul VI avait promulguée le 25 juillet 1968 ; un Communiqué pour prendre la défense des « nouveaux catéchismes » critiqués pour leurs déficiences et leurs enseignements contraires à la doctrine catholique ; et des Orientations doctrinales. Madiran publia une très longue analyse de ces textes dans Itinéraires [46]. Il estimait que les évêques français, à quelques exceptions près, étaient devenus « des docteurs sans loi et sans doctrine, c’est-à-dire mentalement hétérogènes à la doctrine et à la loi de l’Église. » Mais il avertissait :
Autant qu’il est en nous, nous disons ce qui est. Nous n’avons pas dit ce qu’il faudra : ce qu’il faudra faire si une telle situation, comme il est probable, se prolonge. Nous n’avons proposé au lecteur aucune ligne de conduite, hormis bien sûr de demeurer inébranlablement fidèle, avec la grâce de Dieu, à la loi naturelle, à la liturgie romaine, au catéchisme catholique. Cela va sans dire.
Gilson lui écrivait alors pour dire, une fois encore, son accord :
Je relis votre remarquable « Situation de l’épiscopat » et je pense, d’accord avec ce que vient de m’écrire Louis Salleron, que vous avez porté le débat sur son vrai terrain. Votre prophétie finale est vraie [47], mais ils ne vous croiront pas. En revanche vous leur ferez peut-être peur en les prévenant, comme vous le faites, que s’ils nous donnent à choisir entre eux et Rome, ils se trouveront seuls. C’est réglé d’avance [48].
Soutien à Paul VI
Dans la suite de l’insurrection de mai 1968, des chrétiens radicaux (des laïcs rejoints par des prêtres, des religieux et des théologiens) envoyèrent, le 30 novembre 1968, une lettre à Paul VI qu’ils rendirent publique par la suite et qui fut éditée en brochure [49]. Dans une formulation qui rappelait le livre de Luther, À la noblesse chrétienne de la nation (1520), où ce dernier exhortait la noblesse à abattre la « triple muraille » derrière laquelle le pape était enfermé, les signataires interpellaient directement Paul VI : « Vous écrire est pour nous un devoir. Nous voudrions percer ce mur qui vous sépare du peuple chrétien et vous parler en toute franchise. » Ils contestaient tout à la fois le gouvernement de l’Église et son enseignement. Les signataires appelaient le pape à se délivrer de la « triple enceinte » qui l’enserre et l’empêche de proclamer librement l’évangile : « l’appareil ecclésiastique » (c’est-à-dire la Curie romaine), « la mentalité romaine » (c’est-à-dire le « formulaire » philosophique, théologique et canonique, « profondément inapte à porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ») et « l’appartenance aux puissances occidentales ».
Lorsque la lettre avait été envoyée à Paul VI, le 30 novembre, elle avait déjà recueilli 744 signatures. En publiant le document, le 12 décembre, et en incitant ses lecteurs à y souscrire, l’hebdomadaire Témoignage chrétien lui assura une audience plus large. Au total, le manifeste recueillera quelque 4 000 signatures et la brochure Si le Christ voyait cela, rééditée à plusieurs reprises, atteindra un tirage de 14 000 exemplaires.
Cette interpellation publique du pape suscita des réactions en sens contraire. Le 9 décembre, le père Daniélou faisait une conférence consacrée à « La liberté et l’autorité dans l’Église » à la paroisse de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou. Elle réunit quelque 450 personnes. À la fin de la conférence, le père Daniélou évoqua pour la déplorer la lettre des contestataires au pape et un télégramme fut envoyé à Paul VI pour l’assurer de l’« affection filiale et totale obéissance » des participants. Le théologien jésuite prolongea cette initiative en suscitant un message de soutien au pape de la part de diverses personnalités. Un manifeste d’intellectuels catholiques répondrait ainsi à l’« encyclique des laïcs » contestataires. Dès le 18 décembre, seize personnalités catholiques, parmi lesquelles Étienne Gilson, publiaient une déclaration de fidélité romaine. Ils dénonçaient « une petite minorité d’agitateurs, clercs et laïcs, qui prétendent régenter l’Église et jettent partout le trouble et le doute ». Ils demandaient aussi que « la hiérarchie de l’Église exerce pleinement sa fonction, qui est de maintenir intact le dépôt de la foi » et assuraient le pape de leur « totale confiance », de leur « obéissance » et de leur « filial attachement [50] ».
Ce manifeste devint une pétition. L’historien Henri Rollet, qui était aussi président de l’ACGH (Action catholique générale des hommes), collectait les signatures. La pétition de soutien à Paul VI recueillera 160 000 signatures.
Ce fut une des dernières interventions publiques d’Étienne Gilson sur la crise de l’Église qui s’aggravait. Un an plus tard, assez découragé, il écrivait à Louis Salleron : « Que faire ? Absolument rien à mon sens. Il n’y a plus personne à la barre du navire. En ce qui me concerne je me retire du combat et me contente d’approuver lâchement ceux qui le mènent pour moi [51]. »
Il ne prit pas part aux controverses qui suivirent l’entrée en vigueur du nouvel Ordo missæ, mais il n’en pensait pas moins. À Jean de Fabrègues, il écrivait en 1971 : « Je me contente de finir ma vie dans l’Église de mon enfance et de lire la messe de mon enfance pendant qu’on célèbre devant moi une Cène semi-luthérienne sans même la dignité d’un office réformé [52]. »
Exactement le même jour, il écrivait à Louis Salleron pour lui dire son accord sur la critique de la nouvelle messe qu’il venait de publier (La Nouvelle messe, Nouvelles Éditions Latines, 1971) :
Votre livre sur La Nouvelle messe est parfait à mon sens, et je suis heureux qu’il ait été écrit ; d’autant plus que je me suis moi-même retiré à l’écart de la lutte. […] Je finis ma vie dans la foi au sein de laquelle je suis né et ai été élevé. Je ne dois pas faire trop mal en agissant ainsi, mais je suis vraiment heureux qu’il y ait plus courageux que moi [53].
La dernière lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran est d’octobre 1972. C’était pour le remercier d’un dossier spécial qu’Itinéraires lui avait consacré avec des extraits de ses deux derniers livres, des articles de Louis Salleron, d’Henri Charlier et du chanoine Vancourt et une bibliographie :
Votre générosité fait plus que compenser la magnifique indifférence de la critique à l’égard de mes deux derniers livres […]. Mais n’allez-vous pas vous user, vous et vos forces, dans une lutte aussi inégale que celle qu’un citoyen peut mener contre l’administration ? et, ici, une administration de Droit divin ? Le Pape lui-même ne vient pas à bout de son épiscopat français. En dépit de ses instructions formelles, des femmes, des petites filles de dix ans lisent le texte souvent redoutable de l’Épître de saint Paul à la grand’messe du dimanche. Je doute même que ses instructions formelles aient été transmises à nos excellents curés [54].
Présentation auteur :
Yves Chiron, historien, collabore régulièrement à Sedes Sapientiæ. Il est l’auteur de nombreux ouvrages d’histoire de l’Église. Derniers livres parus : Dom Gérard. Tourné vers le Seigneur, Éditions Sainte-Madeleine, 2018 ; L’Église dans la tourmente de 1968, Artège, 2018 ; La Longue marche des catholiques chinois, Artège, mars 2018. Françoisphobie. François bashing. Ceux qui dénigrent le pape François, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, Paris, Éditions du Cerf, 2020 ; Histoire des traditionalistes, Tallandier, 2022. Il édite Aletheia, lettre d’informations religieuses et, depuis novembre dernier, un Bulletin d’histoire du traditionalisme (16 rue du Berry 36250 Niherne).
[1] Lettre d’Étienne Gilson au père Marie-Dominique Chenu, le 29 avril 1936, citée par Florian Michel, Étienne Gilson, une biographie intellectuelle et politique, Paris, Vrin, 2018, p. 248.
[2] Jean Madiran, Gilson, Maule, Éditions Difralivre, 1992, p. 12.
[3] Étienne Gilson, Le philosophe et la théologie, Paris, Vrin, 2005, p. 13 (1re éd., Paris, Librairie Arthème Fayard, 1960).
[4] Lettre d’Étienne Gilson au père Marie-Dominique Chenu, le 7 juin 1967, citée par F. Michel, Étienne Gilson, op. cit., p. 271.
[5] Étienne Gilson, Les Tribulations de Sophie, Paris, Vrin, 1967, p. 13.
[6] É. Gilson, Le philosophe et la théologie, op. cit., pp. 59-67.
[7] Ibid.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10] La Documentation catholique, 15 novembre 1964, col. 526.
[11] Étienne Gilson, « Suis-je schismatique ? », in La France catholique, 2 juillet 1965.
[12] Lettre d’Étienne Gilson au père Laurent Schook, le 29 juin 1965, citée par Florian Michel, Traduire la liturgie. Essai d’histoire, Tours, Éditions CLD, 2013, p. 58.
[13] Lettre du père Congar à Étienne Gilson, le 6 juillet 1965, citée par F. Michel, Traduire la liturgie, op. cit., p. 67.
[14] Itinéraires, n° 104, juin 1966, pp. 13-20 et n° 108, décembre 1966, pp. 207-212.
[15] Étienne Gilson, La Société de masse et sa culture, Paris, Vrin, 1967, pp. 129 sq.
[16] Dominique-Marie de Saint Laumer, « Les traductions du Notre Père », in Sedes Sapientiæ, n° 68, été 1999, pp. 44-63.
[17] Ibid., p. 59.
[18] Étienne Gilson, « Sicut et nos », in La France catholique, 18 février 1966.
[19] Les Nouvelles de l’Association Jean Carmignac, n° 2, avril 1999, p. 3.
[20] Thèse soutenue à l’Institut catholique de Paris en janvier 1969 et publiée la même année sous le titre Recherches sur le Notre Père.
[21] Alexis Curvers, « Le nouveau “Pater” », in Itinéraires, n° 103, mai 1966, pp. 52-70 et n° 104, juin 1966, pp. 132-166.
[22] Je cite ici d’après la 2e édition de l’ouvrage, publiée sous le titre Le Feu nouveau. Le Paysan de la Garonne, Genève, Ad Solem, 2007, avec une préface et un dossier critique de Michel Fourcade.
[23] Voir René Mougel, « Le Paysan de la Garonne : genèse et ligne de fond », in Revue des sciences religieuses, t. 81, n° 4, 2007, pp. 439-460 et Michel Fourcade, « Le Paysan de la Garonne : les enjeux d’une réception », ibid., pp. 461-480.
[24] Le Monde, 28 décembre 1966.
[25] Témoignage chrétien, 15 décembre 1966.
[26] Signes des temps, février 1967.
[27] Lettre d’Étienne Gilson à Jacques Maritain, le 29 décembre 1966, publiée dans É. Gilson et J. Maritain, Correspondance 1923-1971, Paris, Vrin, 1991, p. 231.
[28] Lettre d’Étienne Gilson à Jacques Maritain, le 15 janvier 1967, citée par M. Fourcade dans Le Feu nouveau, op. cit., pp. 402-403.
[29] Après que Louis Salleron lui eut envoyé Teilhard de Chardin, pour/contre, Berger-Levrault, 1967, Gilson lui écrira : « Je ne peux vous remercier assez de m’avoir envoyé votre Contre Teilhard ni vous féliciter de l’avoir écrit. Il est plein d’intuitions que je vous envie et auxquelles j’ai du moins le plaisir de souscrire entièrement », lettre d’Étienne Gilson à Louis Salleron, citée par Sœur Ambroise-Dominique Salleron, Louis Salleron, Artisan du bien commun, Versailles, Via Romana, 2023, p. 385.
[30] É. Gilson, Les Tribulations de Sophie, op. cit., p. 139.
[31] Ibid., pp. 160-161.
[32] Ibid., pp. 161-162.
[33] Ibid., p. 169.
[34] Jean Madiran, Gilson, op. cit., p. 17.
[35] Jean Madiran a cité quelques passages de cette correspondance dans les notes de son article, « Pour saluer Gilson », publié dans Itinéraires, n° 231, mars 1979, pp. 95-108 ; article repris dans le recueil Gilson, op. cit., pp. 15-33. Les lettres de Gilson et de Madiran que nous citerons ici sont tirées des Archives Jean Madiran (AJM, Niherne).
[36] Lettre de Jean Madiran à Étienne Gilson, le 11 mars 1967, copie dans les AJM.
[37] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 14 mars 1967, AJM.
[38] Jean Madiran, « C’est par toi que je meurs », Itinéraires, n° 118, décembre 1967, pp. 6-53. Ce texte fera l’objet d’un tiré à part, sous le même titre (décembre 1967, 48 pages).
[39] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 11 novembre 1967, AJM.
[40] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 8 mai 1967, AJM.
[41] Jean Madiran, L’hérésie du XXe siècle, Nouvelles Éditions latines, 1968, pp. 220-232.
[42] À la page 41 de son livre, Jean Madiran citait et mettait en cause une affirmation de l’épiscopat français dans sa réponse à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 17 décembre 1966 : « L’acceptation des mots nature et personne est aujourd’hui différente, pour un esprit philosophique, de ce qu’elle était au cinquième siècle ou dans le thomisme. »
[43] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 7 décembre 1968, AJM.
[44] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 8 décembre 1968, AJM.
[45] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 9 décembre 1968, AJM.
[46] Jean Madiran, « Situation de l’épiscopat français », in Itinéraires, n° 129, janvier 1969, pp. 1-83.
[47] Jean Madiran, pp. 81-83, garantissait à l’évêque de France, peut-être « imaginaire », qui ferait « l’humble coup d’éclat de restaurer l’intégrité catholique » dans son diocèse, de ne pas manquer de prêtres, de vocations, de ressources financières et d’écoles chrétiennes « florissantes ».
[48] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 17 décembre 1968, AJM.
[49] « Se Cristo Vedesse » – Si le Christ voyait cela. Des chrétiens écrivent au pape, Paris, Éditions de l’Épi, décembre 1968, 32 pages. Voir Yves Chiron, L’Église dans la tourmente de 1968, Paris/Perpignan, Artège, 2018, pp. 234-237.
[50] Texte complet du Message à Paul VI dans Le Monde, 18 décembre 1968, avec la liste des seize premiers signataires.
[51] Lettre d’Étienne Gilson à Louis Salleron, le 9 décembre 1969, citée par Sœur A.-D. Salleron, Louis Salleron, op. cit., p. 387.
[52] Lettre d’Étienne Gilson à Jean de Fabrègues, le 28 février 1971, citée par F. Michel, Étienne Gilson, op. cit., pp. 297-298.
[53] Lettre d’Étienne Gilson à Louis Salleron, le 28 février 1971, citée par Sœur A.-D. Salleron, Louis Salleron, op. cit., p. 401, note 78.
[54] Lettre d’Étienne Gilson à Jean Madiran, le 6 octobre 1972, AJM.